Conclave 2025

« Une Église unie qui cherche sans cesse la paix et la justice » : l’analyse de Mgr Percerou sur l’élection de Léon XIV

today8 mai 2025 117 2

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Quelques minutes seulement après l’élection du pape Léon XIV, Monseigneur Laurent Percerou, évêque de Nantes, a partagé ses premières impressions sur ce moment historique. Entre joie, analyse du choix du nom pontifical et décryptage des premiers mots du nouveau pape, il livre une réflexion qui éclaire déjà les contours possibles de ce pontificat qui s’ouvre.

« Beaucoup de joie parce que nous l’attendions. Les cardinaux nous avaient dit que ça se ferait vite, ça s’est fait très vite. » C’est par ces mots empreints d’enthousiasme que Monseigneur Laurent Percerou a débuté son intervention sur les ondes de Radio Fidélité, quelques instants après l’élection du cardinal américain Robert Francis Prevost sous le nom de Léon XIV.

Pour l’évêque de Nantes, cette rapidité du conclave – à peine 24 heures après son ouverture – est « plutôt un beau signe de communion pour notre Église ». Elle témoigne selon lui d’une belle entente qui s’est dessinée entre les cardinaux lors des congrégations générales tenues ces derniers jours.

Le choix du nom Léon, tout sauf anodin

« Je voudrais qu’on s’arrête sur le prénom », a souligné Mgr Percerou. « Ça peut paraître surprenant, nous en France, d’avoir choisi le prénom de Léon qui nous semble un prénom un peu suranné. Mais il faut se souvenir de Léon XIII, son prédécesseur à la fin du 19ème siècle, qui fut un grand pape et qui fut surtout un pape social. »

Cette référence n’est pas fortuite. Léon XIII reste dans l’histoire comme le pape qui a jeté les bases de la doctrine sociale de l’Église avec son encyclique fondatrice Rerum Novarum (1891). Un texte visionnaire qui, en pleine révolution industrielle, invitait l’Église à être présente auprès des pauvres et du monde ouvrier alors en grande difficulté.

« Ce choix en dit long sur son programme », analyse l’évêque, établissant un lien direct entre ce nom et les premières paroles prononcées par le nouveau pontife depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre.

Les premiers mots : un programme de paix

Mgr Percerou a été particulièrement attentif aux premiers mots de Léon XIV : « Il a commencé par nous souhaiter la paix, la paix dans nos familles, la paix dans nos églises particulières, la paix dans nos nations. Et puis cette invitation, cet appel à être des bâtisseurs de ponts. »

Cette insistance sur la paix n’est pas un hasard dans un contexte international troublé. « Je crois que les cardinaux ont voulu élire quelqu’un qui soit vraiment au cœur des fractures du monde d’aujourd’hui, de ce monde incertain, de ce monde en guerre, de ce monde qui est en train de vivre de grands basculements sur le plan international. »

Dans ce contexte, la mission confiée à Léon XIV se dessine clairement : être un artisan de paix et de réconciliation. « Une Église unie qui cherche sans cesse la paix et la justice », selon les mots mêmes du nouveau pape que l’évêque de Nantes a tenu à souligner.

L’héritage augustinien et la synodalité

Autre élément marquant pour Mgr Percerou : la référence explicite de Léon XIV à son appartenance à l’ordre des Augustins. « Il nous a dit que nous puissions avancer ensemble vers la patrie que Dieu nous a préparée en disant ‘moi je suis un pape augustinien’. »

L’évêque de Nantes rappelle à ce propos les paroles de saint Augustin lors de son élection épiscopale : « Je suis chrétien avec vous et je suis évêque pour vous. » Une formule que le nouveau pape a reprise à son compte et qui, selon Mgr Percerou, témoigne d’une volonté de poursuivre le chemin synodal initié par François.

« Ce chemin synodal, ce marcher ensemble que le pape François a lancé, il faudra que nous le poursuivions pour être justement une Église tous responsables de sa vie, une Église ouverte et missionnaire. »

Continuité et nouveauté

L’évêque de Nantes a également relevé les « deux ou trois allusions au pape François » faites par Léon XIV, « qui n’étaient pas seulement des allusions de politesse », mais qui témoignent d’une volonté de continuité.

Tout en admettant qu’il est encore tôt pour tirer des conclusions définitives sur ce que sera ce pontificat – « ça s’appuie sur une prise de parole du pape et puis sur le prénom qu’il a choisi » – Mgr Percerou est convaincu que ces premiers éléments « peuvent nous en dire long sur ce qu’il souhaite vivre et faire vivre ».

Un pontificat qui s’annonce donc dans la continuité de celui de François, avec une attention particulière portée aux questions sociales, à l’unité de l’Église et à la paix dans le monde. Des défis considérables qui attendent celui qui devient le 267e successeur de saint Pierre.

« Ces premiers mots, ce nom choisi, cette référence à saint Augustin… Ce sont des indices qui, ensemble, dessinent déjà les contours d’un pontificat qui se veut à la fois fidèle à la tradition et résolument tourné vers les défis de notre temps », conclut Mgr Percerou.

Écrit par: Simon Marty

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