Conclave 2025

La jeunesse face au conclave : le témoignage du Père Jean-Baptiste Siboulet

today6 mai 2025 58 6

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À la veille du conclave qui désignera le successeur du pape François, le Père Jean-Baptiste Siboulet, aumônier des jeunes adultes à Nantes, offre un éclairage précieux sur la perception de cet événement historique par les nouvelles générations.

Une jeunesse distante mais pas désintéressée

« Ce n’est pas la préoccupation majeure chez les jeunes, » confie-t-il sans détour. Un constat qu’il nuance immédiatement : « Ce n’est pas uniquement lié à cette question du conclave ou à un éventuel manque d’intérêt pour la vie de l’Église. C’est dans la droite ligne de leur rapport à l’actualité tout au long de l’année. Ils suivent l’actualité de manière assez distante ou en tout cas par les réseaux sociaux uniquement. »

Cette observation n’est pas sans rappeler un phénomène plus large de transformation du rapport à l’information chez les jeunes générations. Le Père Siboulet précise que ce sont davantage « les jeunes catholiques qui ont grandi dans le catholicisme » qui peuvent avoir « des idées sur les enjeux de l’Église et des souhaits pour le prochain pontificat. »

Un rôle de passeur et de pédagogue

Face à cette réalité, l’aumônier ne reste pas passif. Il s’emploie activement à sensibiliser les jeunes à l’importance de ce moment charnière : « On insiste beaucoup aux différentes messes pour manifester l’enjeu de prière pour les cardinaux et pour le prochain pape, en disant que ce sont quand même des jours décisifs pour l’Église. »

Sa démarche va au-delà de la simple information : « Dans les homélies, on essaie de leur expliquer comment cela se passe, quelles sont les différentes étapes depuis la mort du Saint-Père. » Il a également entrepris de dresser « un peu l’héritage du pape François » et de présenter « comment va se jouer les prochains jours avec le conclave. »

L’héritage de François : un regard reconnaissant

Quand on l’interroge sur le pontificat de François, son regard se fait admiratif : « J’ai une conviction de fond : je crois que l’histoire lui rendra hommage pour les orientations qu’il a prises, pour les intuitions qu’il a eues pour l’Église. »

Il salue notamment « l’œuvre de décentrement de l’Église vis-à-vis d’elle-même en la centrant sur les périphéries existentielles, sur les plus pauvres » et le fait de « vouloir honorer les différentes cultures locales, les conférences épiscopales locales, de décentrer aussi vis-à-vis de Rome et de l’Europe. »

Un autre aspect qu’il souligne avec force : « Son insistance pour vivre une fraternité universelle inconditionnelle. » Une dimension qu’il juge « vraiment décisive » face à « l’individualisme qui grandit » et « une conception de la dignité humaine à plusieurs étages. »

Les aspirations de la jeunesse d’aujourd’hui

Mais qu’attend cette jeunesse du prochain pape ? Le Père Siboulet perçoit chez eux « une soif de sens, un désir d’impact sur la vie du monde. » Il les voit « à la fois désabusés sur le côté consumériste, matérialiste de notre société » et en recherche d’une « dimension spirituelle. »

« Ils veulent mettre du sens dans leur métier. Ils veulent trouver leur place en fait dans ce monde, » analyse-t-il, identifiant là un terreau fertile pour un message ecclésial renouvelé.

Pour un pape qui lutte contre « l’archipélisation »

Face à ces aspirations, il espère un pontife capable de lutter contre « le danger de l’archipélisation à tous les niveaux » – cette tendance à la fragmentation qu’il observe « dans nos sociétés, mais aussi à l’échelle du monde où maintenant, ce sont les rapports de force qui dominent entre nations. »

Sa vision pour le prochain pontificat : « Un pape qui montre que la véritable manière de donner de la consistance à sa vie, c’est de se tourner vers l’autre, de se mettre au service des autres. » Un message qui, selon lui, trouverait un écho particulier chez les jeunes et pourrait les aider à « devenir des artisans de paix, de justice, un peu libérés de l’individualisme ambiant. »

L’attente personnelle d’un prêtre

En tant que prêtre, le Père Siboulet exprime sa propre attente avec émotion : « Je me rappelle l’élection du pape François et l’espèce de dynamisme et d’enthousiasme que ça avait donné à la vie de l’Église dans les années qui avaient suivi. »

Il aspire à ce que « la découverte de ce nouveau pape soit l’occasion d’un nouveau dynamisme, d’un nouvel enthousiasme qui nous ramène à la joie d’être chrétiens, à la mission. »

Écrit par: Simon Marty

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