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À l’heure où Rome s’apprête à vivre l’élection d’un nouveau souverain pontife, Christophe Henning apporte le regard aiguisé d’un journaliste expérimenté. Ce reporter au quotidien La Croix, auteur de plusieurs ouvrages sur les papes, observe avec attention ce moment de transition qui s’ouvre pour l’Église catholique.
« C’est un moment tout à fait particulier, » analyse-t-il depuis Paris lors de son entretien avec Radio Fidélité. Ce qui le frappe d’emblée, c’est la double réalité que révèle cette période de sede vacante : d’une part, que « le Vatican est très bien organisé, donc l’absence du pape n’empêche pas l’Église de continuer son chemin, » et d’autre part, que « la mobilisation quasi mondiale autour de la succession du pape François montre encore le rayonnement de cette Église à travers la figure de son pape. »
Cette observation témoigne de la capacité de l’institution bimillénaire à maintenir sa continuité tout en captant l’attention mondiale lors de ces moments cruciaux de transmission du pouvoir spirituel.
Quand on l’interroge sur l’héritage de François, sa réponse est nuancée et reflète la complexité du pontificat qui s’achève : « Le pape François a été pour l’Église une figure très marquante parce qu’il est à la fois dans une sorte de fidélité, peut-être même davantage à Paul VI ou Jean XXIII qu’à Jean-Paul II, mais dans une fidélité à l’Église et en même temps, il l’a complètement bouleversée. »
Christophe Henning souligne notamment le « côté prophétique » du pape défunt, une dimension évoquée selon lui lors des congrégations générales des cardinaux. Il cite deux exemples emblématiques : l’écologie et les migrants, sur lesquels François a insisté « en expliquant bien que ça concerne l’Église, alors que pour d’autres, le flux migratoire est une question politique, l’écologie une question de société. »
Cette capacité à déplacer les frontières entre spirituel et temporel constitue selon lui l’une des caractéristiques majeures de ce pontificat.
En tant que journaliste, Christophe Henning offre également un éclairage sur la façon dont un média catholique comme La Croix aborde ce conclave. Sa vision contraste avec l’effervescence médiatique habituelle autour des pronostics et des petites phrases :
« Pour La Croix, l’essentiel est dans ce qui va se décider, dans ce qui va se jouer. Et pas dans les pronostics, dans les petites phrases, dans les supputations. » Une démarche qui privilégie « une réflexion dans la durée » et « un travail de fond sur où en est l’Église, quel pasteur va-t-elle choisir par le vote des cardinaux. »
Cette approche, plus distanciée et réfléchie, permet selon lui d’éviter les écueils de l’immédiateté et d’offrir aux lecteurs une compréhension plus profonde des enjeux.
Fort de sa connaissance de l’institution ecclésiale et des précédents pontificats, Christophe Henning formule des attentes personnelles qui semblent résumer les défis qui attendent le prochain pape :
« Je serais touché d’avoir un pape qui soit à la fois le successeur de François dans ses intuitions, dans ce côté parfois génial que pouvait avoir François, » confie-t-il, avant d’ajouter une nuance révélatrice : « Un pape qui soit aussi plus serein peut-être. »
Cette remarque fait écho à une observation discrète mais significative sur la fin du pontificat de François : « On sait que le pape François, sur la fin, était plus nerveux, plus agressif presque par moment. » Une réalité qu’il évoque sans s’y attarder, mais qui témoigne des tensions qui ont pu traverser les derniers temps du pontificat.
Sa vision pour le prochain pape se cristallise dans une formule à la fois simple et exigeante, qui pourrait résumer l’attente de nombreux catholiques : « Un pape qui soit à la fois prophétique dans la lignée du pape François et serein face aux défis du monde. »
Cette aspiration à la continuité et au renouveau, à la prophétie et à la sérénité, capture l’essence même du défi qui attend les 133 cardinaux électeurs qui entreront demain en conclave.
Écrit par: Simon Marty