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Face aux tensions géopolitiques croissantes et à l’incertitude du soutien américain, l’Union européenne tente de reprendre en main sa destinée militaire. Avec un plan de 800 milliards d’euros sur la table, l’Europe esquisse les contours d’une nouvelle autonomie stratégique. Mais au-delà des chiffres, c’est tout un édifice politique, technologique et industriel qu’il faut repenser.
« Notre plus grande faiblesse aujourd’hui, ce ne sont ni les budgets ni les armes, c’est le fait qu’on soit 30 armées différentes sur le continent européen », analyse sans détour Guillaume Ancel, ancien officier et chroniqueur de guerre. Une fragmentation qui handicape lourdement l’efficacité militaire européenne face aux défis contemporains.
Cette réalité prend un relief particulier alors que la guerre en Ukraine révèle les vulnérabilités du continent. « Les 450 millions de citoyens européens ne devraient pas dépendre de 340 millions d’Américains pour se défendre contre 140 millions de Russes », rappelle avec pertinence Maxime Lefebvre, diplomate et professeur à Sciences Po Paris.
L’un des enjeux majeurs réside dans la construction d’une base industrielle de défense cohérente. « Il faut construire des Airbus de l’armement », plaide Guillaume Ancel, citant l’exemple du char Leclerc : « Aucun industriel sérieux ne peut investir sur une série de 200 exemplaires. On a besoin d’être sur des séries en milliers. »
La dimension nucléaire cristallise les tensions entre ambition européenne et réalités nationales. Benoît Grémare, ancien officier de marine de l’escadrille des sous-marins nucléaires, souligne les implications juridiques et stratégiques d’une extension de la dissuasion française à l’échelle européenne : « Le président de la République française resterait à la fois le gardien, le décideur et donc le responsable du feu nucléaire. »
La montée des populismes et les divergences stratégiques entre États membres constituent un défi majeur. « On ne peut pas demander l’avis à 27 dirigeants qui sont 27 chefs des armées », observe Guillaume Ancel, appelant à « une autre Europe, une autre confédération européenne qui ne prendra que les membres qui ont réellement envie de faire les choses ensemble. »
Alors que l’Alliance atlantique traverse une période de questionnements, Maxime Lefebvre rappelle sa réalité opérationnelle : « Il y a 40 000 soldats déployés sur le flanc oriental de l’Union européenne […] sous le commandement de l’OTAN. » Un cadre qui reste, pour beaucoup de pays européens, une garantie de sécurité difficilement remplaçable.
Pour aller plus loin
Cette émission riche en analyses et perspectives invite à approfondir la réflexion sur l’avenir de la défense européenne. Retrouvez l’intégralité des échanges et des analyses expertes dans le podcast.
Informations pratiques :
– Émission : Le Rendez-vous Fidélité
– Durée : 58 minutes
Crédit photo : © European Union 2014 – European Parliament
Écrit par: Simon Marty