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Le journaliste de Radio Vatican nous fait vivre l’envers du décor. Entre épuisement et euphorie, récit d’une élection qui révèle déjà les priorités du nouveau pontificat.
Il y a dans la voix de Jean-Charles Putzolu cette fatigue particulière des marathoniens qui viennent de franchir la ligne d’arrivée. « 17 jours de travail intense par jour et nuit », lâche-t-il d’emblée. Et pourtant, derrière l’épuisement, perce une joie presque enfantine.
Jean-Charles Putzolu fait partie de ces artisans de l’ombre qui permettent au monde de suivre en direct les grands moments de l’Église. Radio Vatican, c’est lui et son équipe. Et ces derniers jours, ils ont donné tout ce qu’ils avaient.
« J’avais tablé pour une fumée blanche jeudi soir », confie-t-il avec ce mélange de fierté et de soulagement. Non, il n’avait pas d’informations secrètes. Juste une intuition née de l’expérience et… de l’épuisement.
« La seule surprise, c’est qu’elle est arrivée à 18h10 alors que je l’attendais plutôt vers 20h », avoue-t-il. On sent presque le sourire dans sa voix. Comme un parieur qui aurait presque tout bon.
Mais pourquoi jeudi soir précisément ? « Les équipes sont fatiguées », explique-t-il simplement. « S’il avait fallu tenir encore aujourd’hui avec de nouvelles émissions spéciales… » La phrase reste en suspens. On comprend : ils étaient au bout du rouleau.
La fumée blanche, c’est le coup de starter d’une nouvelle course. « Un énorme travail, un coup de rush final », décrit Jean-Charles Putzolu. Il faut identifier le nouveau pape, trouver ceux qui le connaissent, organiser les interviews.
« Le président des évêques américains qui est francophone, Monseigneur Timothy Broglio », énumère-t-il. « Le décalage horaire nous a permis d’éviter de le réveiller. » Petits miracles du direct qui font sourire. Puis les contacts au Pérou, où le nouveau pape a longtemps vécu. La machine médiatique vaticane se met en branle.
Mais au-delà de la logistique, Jean-Charles Putzolu livre une analyse qui va droit à l’essentiel. Ce choix du nom : Léon XIV. « Si on regarde le précédent Léon, Léon XIII, c’est le pape de Rerum Novarum », rappelle-t-il immédiatement.
Pour ceux qui auraient oublié leurs cours d’histoire, Rerum Novarum, c’est la première grande encyclique sociale de l’Église. 1891. Les débuts de l’ère industrielle. Les problèmes du monde ouvrier.
« On me disait aujourd’hui », poursuit Jean-Charles Putzolu, « qu’en 1891, c’était le début de l’ère industrielle, les problèmes du monde ouvrier. Aujourd’hui, en pleine époque de développement de la numérisation, d’autres problèmes se posent. »
C’est là que l’analyse devient passionnante. Jean-Charles Putzolu trace un parallèle audacieux entre deux époques. 1891 : la révolution industrielle bouleverse le monde du travail. 2025 : l’intelligence artificielle menace des millions d’emplois.
« Des problèmes semblables semblent revenir devant nous », note-t-il. Et cette conclusion qui tombe comme une évidence : « Un pape qui annonce avec son nom qu’il sera attentif aux questions sociales. »
Vous savez quoi ? Cette observation dit tout. Dans le choix d’un nom papal, rien n’est laissé au hasard. Léon XIV envoie un message clair : la question sociale sera au cœur de son pontificat.
Ce qui frappe chez Jean-Charles Putzolu, c’est ce mélange d’épuisement professionnel et de joie spirituelle. « Beaucoup de soulagement », avoue-t-il. Mais aussi, « sur un plan personnel, parce qu’on travaille quand même pour Radio Vatican, beaucoup de joie. »
Cette joie de voir l’Église se doter d’un nouveau guide. Cette satisfaction du travail accompli. Cette fierté d’avoir permis au monde de vivre ce moment en direct.
Jean-Charles Putzolu décortique leur travail comme un stratège militaire. « Trois phases », explique-t-il. D’abord, la gestion de la disparition du pape François. Ensuite, les congrégations générales des cardinaux jusqu’au conclave. Et maintenant, « les premières prises de position, les images, les premiers mouvements » de Léon XIV.
« Il va falloir s’habituer d’ailleurs à dire Léon XIV », glisse-t-il avec humour. On imagine les lapsus des premiers jours, les hésitations, les erreurs. Le métier qui reprend le dessus sur la fatigue.
« Cette troisième phase est tout autant importante que les deux premières », insiste Jean-Charles Putzolu. Traduction : pas question de relâcher l’effort maintenant. Le nouveau pape a besoin d’être présenté au monde, expliqué, contextualisé.
« Elle va demander aux équipes de continuer à produire, à donner de l’énergie », poursuit-il. On sent poindre l’inquiétude du chef d’équipe. Ses journalistes sont « fatigués après 17 jours de travail intense ». Mais l’actualité n’attend pas.
Ce qui ressort du témoignage de Jean-Charles Putzolu, c’est cette conscience aiguë de vivre un moment historique. Oui, ils sont épuisés. Oui, ils aimeraient souffler. Mais ils savent aussi qu’ils sont aux premières loges d’un événement qui marquera l’Histoire.
Un pape américain. Le premier. Un pape qui choisit de s’appeler Léon XIV, envoyant un message social fort. Un pape élu en 24 heures, contre toutes les prévisions.
« Je pense que ça peut être intéressant pour l’époque », conclut Jean-Charles Putzolu à propos de ce pontificat qui s’ouvre. Intéressant. Le mot est faible. Révolutionnaire, peut-être. Providentiel, qui sait.
Jean-Charles Putzolu et son équipe peuvent être fiers. Ils ont permis au monde de vivre en direct ce moment unique. Maintenant, place à l’Histoire. Et Radio Vatican sera là pour la raconter. Fatiguée mais fidèle au poste. Comme toujours.
Écrit par: Simon Marty