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Cinq ans après l’incendie criminel qui a ravagé la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes, le monument s’apprête à rouvrir ses portes. Un chantier colossal qui a nécessité des prouesses techniques et qui va se poursuivre pendant encore plusieurs années. Retour sur une restauration hors norme et ses défis à venir.
Si la restauration de Notre-Dame de Paris fait figure de référence en matière de chantier patrimonial d’urgence, celle de la cathédrale de Nantes a dû faire face à des défis spécifiques qui expliquent sa durée. La première difficulté, et non des moindres, a été la contamination au plomb, bien plus importante que prévue.
« À Notre-Dame de Paris, la toiture était en plomb, donc la pollution est partie à l’extérieur du bâtiment. À Nantes, c’est l’orgue qui a brûlé, avec des tuyaux en plomb et en étain, et donc il y avait du plomb absolument partout », explique Mgr Percerou, qui se souvient être entré « en scaphandre » lors de sa première visite.
Cette contamination a nécessité un travail minutieux de décontamination qui a duré près de deux ans. « Ils y sont allés à l’aspiration, au pinceau, au latex, centimètre carré par centimètre carré », précise l’évêque. Une opération d’autant plus délicate qu’elle conditionnait la suite des travaux et la sécurité des ouvriers.
La partie la plus spectaculaire du chantier à venir concerne le « massif occidental » – terme technique désignant la façade principale de la cathédrale. Les dégâts causés par l’incendie nécessitent un remplacement intégral des pierres de la grande verrière. « Les foyers sont montés à 800-1000 degrés. Les pierres, c’est du calcaire, elles sont devenues de la chaux, quasiment », détaille un expert du chantier.
Cette phase cruciale des travaux va s’étendre sur 33 mois. Elle nécessitera la mise en place d’échafaudages massifs, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’édifice. Une travée sera neutralisée pour permettre aux ouvriers de travailler et de stocker leur matériel, réduisant temporairement la capacité d’accueil de la cathédrale.
La restauration ne se limite pas aux seuls dégâts de l’incendie. Les équipes en profitent pour moderniser l’ensemble de l’édifice. La réfection totale des réseaux électriques et de l’éclairage est en cours, intégrant les dernières normes de sécurité et les technologies contemporaines. « On profite des échafaudages, parce que c’est ce qui coûte presque le plus cher », souligne Mgr Percerou.
Dans le transept sud, le grand vitrail – l’un des plus importants de France – a été intégralement démonté, nettoyé et réinstallé, retrouvant ainsi sa luminosité d’origine. Les clés de voûte, dont les cabochons en bois peints ont brûlé, vont être restaurées, tandis que plusieurs vitraux de la nef nécessitent des interventions en raison des dégâts causés par la chaleur.
Point marquant de cette restauration : la création d’une nouvelle verrière contemporaine pour remplacer l’unique vitrail historique qui avait survécu aux bombardements de 1943. « Le vitrail a volé en éclats, il a explosé. Ils ont récupéré sur le parvis des petits morceaux de verre, qu’ils ont essayé de reconstituer, mais on ne peut pas le remettre en place », explique l’évêque.
Un concours d’artistes va être lancé conjointement par la DRAC et le diocèse pour créer cette nouvelle verrière. Le choix d’une œuvre contemporaine s’inscrit dans la continuité des autres vitraux de la cathédrale, tous réalisés dans les années 1950 après les destructions de la Seconde Guerre mondiale.
La reconstruction du grand orgue, entièrement détruit par les flammes, représente un projet à part entière. Une commission spéciale, réunissant la DRAC, le diocèse et les organistes de la cathédrale, travaille sur ce dossier complexe. L’instrument devra être reconstruit sur place, « en pièces détachées », un travail de haute précision qui prendra plusieurs années.
Le coût total de cette restauration est principalement financés par l’État. Le diocèse prend également sa part, notamment pour le mobilier liturgique, les stalles et le remplacement des ornements détruits dans l’incendie.
Cette restauration titanesque, fruit d’une collaboration étroite entre les services de l’État et le diocèse, représente bien plus qu’une simple réparation. Elle constitue une véritable renaissance pour ce monument historique, alliant respect du patrimoine et modernisation raisonnée. Une opération qui témoigne de la capacité de notre époque à préserver et faire vivre le patrimoine religieux, tout en l’adaptant aux exigences contemporaines.
Crédit photo : Alexander Baranov from Montpellier, France, CC BY 2.0
Écrit par: Simon Marty