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La région Pays de la Loire vient d’annoncer une réduction drastique de son budget culturel, provoquant une onde de choc dans le secteur. Une décision qui soulève de nombreuses questions sur l’avenir du modèle culturel français et ses conséquences pour les territoires.
« C’est une très mauvaise nouvelle pour le territoire, pour la culture. » Le ton est donné par Michel Ray, adjoint à la culture de Saint-Nazaire. La région Pays de la Loire a décidé de réduire son budget de 100 millions d’euros, dont une partie significative touchera le secteur culturel. Une annonce qui a pris de court l’ensemble des acteurs du secteur.
Pour les institutions culturelles nazairiennes, le coup est rude : 320 000 euros de subventions régionales vont disparaître. La scène nationale de Saint-Nazaire voit sa subvention totalement supprimée, soit près de 80 000 euros. L’orchestre Stradivaria, fleuron du patrimoine musical nantais, perd quant à lui 40 000 euros, soit 30% de son budget de fonctionnement.
« Quand on enlève un euro de subvention, on enlève trois euros d’activité », explique Philippe Fourchon, directeur du Théâtre de Saint-Nazaire. Une équation qui illustre l’effet démultiplicateur de ces coupes budgétaires. Les premières estimations évoquent la possible suppression de 2 000 emplois dans le secteur culturel régional.
Au-delà des chiffres, c’est tout un écosystème qui est menacé. Les actions culturelles dans les écoles, les EHPAD, les prisons pourraient être réduites ou supprimées. Même les plus petites structures sont touchées : l’association « L’Écrit Parle », qui promeut la lecture publique, risque de mettre la clé sous la porte pour une subvention de 2 700 euros.
« Ce qui est dénoncé, c’est la méthode », souligne Philippe Fourchon. Les acteurs culturels critiquent unanimement l’absence de concertation et la brutalité de l’annonce. La décision a été communiquée fin novembre 2024, alors que la plupart des structures avaient déjà engagé leur programmation jusqu’à l’été 2025.
Michel Ray pointe également le timing de cette décision : « La présidente de la région n’attend pas d’avoir la feuille de route de la part du gouvernement au titre du projet de loi de finances 2025 et applique déjà de facto une règle. » Une précipitation qui interroge, alors que d’autres collectivités, comme la ville de Saint-Nazaire, ont préféré reporter leur vote budgétaire à avril 2025.
Cette situation soulève des questions fondamentales sur le modèle culturel français, basé sur le principe des financements croisés entre l’État et les collectivités territoriales. « La France considère la culture comme un service public », rappelle Michel Ray. Un modèle qui permet notamment de garantir l’accessibilité aux spectacles et la diversité de la création artistique.
« Le privé ne fera jamais l’éducation artistique et culturelle, ne fera jamais la prise de risque artistique », affirme Philippe Fourchon. Sans soutien public, les tarifs des spectacles pourraient grimper considérablement, passant de 20-30 euros à 150-300 euros la place.
Face à cette situation, les acteurs culturels tentent de s’adapter. Plusieurs pistes sont évoquées : développement des partenariats entre structures, mutualisation des moyens, recherche de mécénat privé. « À plusieurs, on peut faire plus et de façon plus raisonnée, plus raisonnable, plus économique », estime Philippe Fourchon.
Mais ces solutions ne doivent pas masquer l’enjeu principal : la préservation d’un service public de la culture. « Il ne faudrait pas que dans les six mois qui viennent, il y ait des structures qui périclitent », s’inquiète Arnaud Auray, administrateur de Stradivaria.
Au-delà des aspects économiques, c’est la vitalité démocratique qui est en jeu. « L’art, ce n’est pas le pot de géranium devant la maison pour faire joli », rappelle Michel Ray. « C’est cette capacité que peut avoir une société à se raconter, à se décrire et à partager. »
Dans ce contexte, les acteurs culturels appellent à une réflexion collective sur l’avenir du modèle culturel français. Une réinvention nécessaire, mais qui doit se faire dans la concertation et le respect des missions fondamentales du service public de la culture : l’accessibilité pour tous et le soutien à la création artistique.
Les prochains mois seront décisifs pour l’avenir culturel des Pays de la Loire. Une chose est sûre : la mobilisation des acteurs culturels ne faiblit pas, déterminés à préserver ce qui fait la richesse et la singularité du modèle culturel français.
Écrit par: Simon Marty