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« Notre-Dame a été le baptême du feu du patrimoine pour ma génération », confie Amaury Gomard, président d’Arcade, une association qui mobilise les 18-30 ans pour la restauration du patrimoine. Le traumatisme de l’incendie a paradoxalement insufflé un élan inédit : des centaines de jeunes sacrifient aujourd’hui leurs vacances pour venir prêter main-forte sur des chantiers de restauration.
En 2024, ce sont plus de 400 volontaires qui ont retroussé leurs manches sur une vingtaine de sites, de la Bretagne jusqu’aux monts du Bugey. « On touche vraiment à tout », explique Amaury Gomard. « Des châteaux auvergnats aux petites chapelles normandes, en passant par les églises de village. » Une diversité qui reflète la richesse insoupçonnée de notre patrimoine local.
Ce qui frappe dans cette mobilisation, c’est sa dimension sociale. Les chantiers deviennent des lieux de rencontre entre générations et cultures. Les jeunes bénévoles ne se contentent pas de restaurer des pierres : ils visitent les EHPAD, organisent des repas avec les habitants, réinventent le lien social dans des territoires parfois isolés.
« Il ne faut pas grand-chose pour que la magie opère », souligne Amaury Gomard. « Un lieu qui transcende, des jeunes motivés, un artisan heureux de transmettre son savoir-faire… Le patrimoine a ce talent de réunir les gens, quelles que soient leurs origines. »
Cette renaissance du patrimoine ne s’improvise pas. Chaque chantier est encadré par des professionnels qui veillent au respect des techniques traditionnelles. « Tout est sécurisé », insiste Amaury Gomard. « Les artisans locaux apportent leur expertise technique, tandis que nous assurons l’encadrement général. »
Pour Jacques Cailleteau, bénévole à la Fondation du patrimoine, cette transmission des savoir-faire est cruciale. « Les constructions sont comme les humains », rappelle-t-il. « Il y a une naissance, une vie normale, et un jour, un effondrement si on ne les entretient pas. »
Pourtant, les obstacles ne manquent pas. Le financement reste le nerf de la guerre, malgré des initiatives comme la souscription nationale pour les églises lancée par le président Macron. Sur les 500 églises actuellement fermées au public, 1000 nécessitent une restauration urgente.
L’engagement lui-même évolue. « La jeunesse d’aujourd’hui est peut-être moins fidèle sur la durée », observe Amaury Gomard. « Mais elle compense par son enthousiasme et sa volonté d’agir concrètement. »
Au-delà des monuments emblématiques, c’est souvent le « petit patrimoine » qui fait l’âme de nos territoires. « Une maison bien restaurée, même modeste, peut changer le regard sur tout un quartier », souligne Jacques Cailleteau. Des murs en pierre sèche aux fours à pain, ces éléments apparemment anodins constituent la trame de notre identité collective.
Alors que le numérique bouleverse nos vies, le patrimoine reste un domaine où la main de l’homme demeure irremplaçable. Si les nouvelles technologies peuvent faciliter certains aspects du travail, « n’enlevons pas le talent du manuel », plaide Amaury Gomard.
La question de l’internationalisation se pose également. Quand 15% des dons pour Notre-Dame proviennent de l’étranger, faut-il y voir une opportunité ou un risque ? « À qui appartient Venise ? Le Mont Saint-Michel ? », interroge Jacques Cailleteau. « Il y a une mondialisation du regard sur le patrimoine. »
Une chose est sûre : face aux défis de la préservation, c’est bien la mobilisation collective qui fera la différence. Entre tradition et modernité, les nouveaux bâtisseurs réinventent notre rapport au patrimoine, pierre après pierre.
Écrit par: Simon Marty