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Santé mentale des jeunes : Karine Chevreul, directrice du projet Mentalo et professeure de santé publique Radio Fidélité
Santé mentale des jeunes : une génération en détresse ?
Plus d’un jeune sur deux souffrirait de problèmes de santé mentale. Ce constat alarmant émane de l’étude Mentalo, une vaste enquête menée auprès des 11-24 ans, alors que le gouvernement fait de la santé mentale une grande cause nationale pour 2025.
Un mal-être qui s’exprime de multiples façons
« Ce que rapportent les spécialistes, c’est souvent une dynamique de ‘pas envie de faire les choses’, des signes de tristesse ou d’irritabilité, et fréquemment des troubles du sommeil », explique Karine Chevreul. Ces manifestations, loin d’être anodines, touchent particulièrement les adolescents au moment du passage au lycée, période identifiée comme « un âge charnière » par l’étude.
Les premiers résultats, basés sur plus de 107 000 participants, révèlent qu’un tiers des jeunes présente des signes de détresse psychologique « anxio-dépressive modérée à sévère ». Plus inquiétant encore, les filles apparaissent significativement plus touchées que les garçons.
L’impact de la pandémie et au-delà
Si la crise sanitaire a indéniablement marqué cette génération, Karine Chevreul nuance : « La pandémie a isolé les individus […] mais on voit que d’autres facteurs entrent en jeu. » En effet, quatre jeunes sur dix se déclarent aujourd’hui en situation de solitude, un chiffre qui interpelle sur la difficulté à « resocialiser » post-Covid.
Le poids des inégalités sociales
L’étude met en lumière un « vrai gradient social » dans l’expression du mal-être : « Sept jeunes sur dix parmi les moins bien positionnés socialement sont en situation de détresse psychologique, contre trois sur dix chez les plus aisés », souligne la chercheuse. Une réalité qui interroge sur l’impact des conditions socio-économiques dans le développement psychologique des adolescents.
Les préoccupations d’une génération
L’avenir arrive en tête des inquiétudes, suivi par la pression scolaire et le contexte mondial. « Dans un monde plus incertain, la pression à la réussite prend une autre dimension », analyse Karine Chevreul. Les récents événements internationaux, comme le retour de Trump sur la scène politique, alimentent ces angoisses.
Le silence inquiétant
Malgré une apparente libération de la parole, « près d’un quart des jeunes en souffrance n’en parlent jamais à personne », révèle l’étude. La stigmatisation et la honte persistent : « Ils ne veulent pas être perçus comme faibles ou nuls », explique la directrice de l’étude.
Des solutions concrètes
Face à ce constat, l’étude Mentalo ne se contente pas d’observer. Elle développe une application de coaching pour aider les jeunes à analyser leur bien-être et trouver des solutions adaptées. « L’objectif est de leur permettre de faire le point sur les différentes composantes de leur vie : famille, amis, école, relation au monde », précise Karine Chevreul.
Pour aller plus loin
L’étude Mentalo continue de recruter des participants. Pour contribuer à cette recherche essentielle ou découvrir plus en détail les résultats présentés, rendez-vous sur www.etudementalo.fr.