Mobilisation des agriculteurs : Antoine Baron, président de la Confédération Paysanne de Loire-Atlantique

Face à la multiplication des crises sanitaires et climatiques qui frappent le monde agricole, Antoine Baron, président de la Confédération paysanne de Loire-Atlantique, dresse un constat sans appel sur la situation du secteur. Dans un entretien accordé à Radio Fidélité, l’éleveur pointe du doigt l’absence de vision à long terme des politiques agricoles et appelle à une refonte profonde du modèle français.

Le monde agricole traverse actuellement une période particulièrement difficile, marquée par la multiplication des épidémies touchant les élevages. « Ce qui est nouveau, c’est le fait d’en avoir autant en si peu de temps », souligne Antoine Baron. La Fièvre Catarrhale Ovine (FCO) dans ses variants 3 et 8, la Maladie Hémorragique Épizootique (MHE), et l’arrivée imminente de la dermatose nodulaire créent une situation inédite aux conséquences dramatiques pour les exploitations.

Les impacts sont multiples : « avortements précoces, problèmes de fertilité, baisse de production », énumère l’éleveur. Mais c’est surtout à moyen terme que les conséquences risquent d’être les plus graves : « Dans deux ou trois ans, les veaux qui ne sont pas nés aujourd’hui et qui devaient devenir les vaches de demain ne seront pas là. »

Pour Antoine Baron, cette situation n’est pas le fruit du hasard. « On se doute assez fortement qu’il s’agit d’une des conséquences du réchauffement climatique », explique-t-il. Les températures plus élevées favorisent la prolifération des vecteurs de maladies, notamment les moucherons, tandis que la baisse de la biodiversité leur offre un terrain propice.

« On voit bien que les périodes automnales sont plus longues, que l’été est plus dur, que le printemps démarre plus tôt », constate l’éleveur. Face à ces bouleversements, il déplore l’absence d’adaptation : « La France, l’Europe même, ne prend pas du tout de trajectoire d’adaptation de notre agriculture à ce changement climatique. »

« On peut comparer l’agriculture à une grande embarcation […] qui prend l’eau de partout », image Antoine Baron. Cette métaphore maritime illustre parfaitement la situation actuelle : si les mesures d’urgence sont nécessaires pour « écoper », l’absence de « capitaine qui donne un cap » compromet l’avenir du secteur.

Les solutions existent pourtant : « rotations longues, polyculture élevage, utilisation du bocage comme réservoir de biodiversité ». Mais leur mise en œuvre nécessite une volonté politique forte et une vision claire de l’agriculture de demain. « Fixons des objectifs communs aux agriculteurs, faisons en sorte de les atteindre et les agriculteurs seront, comme ils l’ont toujours été, au rendez-vous », affirme le président de la Confédération paysanne.

Cette interview d’Antoine Baron révèle l’ampleur des défis auxquels fait face l’agriculture française. Entre crises sanitaires, dérèglement climatique et absence de vision politique, le secteur traverse une période charnière qui appelle à des changements structurels profonds. Découvrez l’intégralité de cet échange riche en enseignements dans notre podcast.