
Dérives de TikTok : le témoignage d'Arnaud Ducoin, père de Pénélope, qui s'est suicidée le 28 février 2024 Radio Fidélité
Dérives de TikTok : le combat d’un père pour alerter sur les dangers de l’algorithme
Le 29 février 2024, Pénélope, 17 ans, mettait fin à ses jours après trois années de descente aux enfers, marquées par une addiction croissante à TikTok. Son père, Arnaud Ducoin, a accepté de témoigner sur notre antenne pour alerter sur les dangers de ce réseau social et son algorithme qu’il qualifie de « mortifère ». Un témoignage bouleversant qui résonne particulièrement alors que l’Assemblée nationale vient de lancer une commission d’enquête sur les dérives de la plateforme.
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De l’adolescente brillante à la spirale destructrice
« Jusqu’à l’âge de 15 ans, Pénélope était une enfant tout à fait normale, qui ne présentait aucun signe particulier de problématique psychologique », raconte Arnaud Ducoin. Tout bascule lors d’une année de césure aux États-Unis, interrompue brutalement après un mois quand les responsables découvrent qu’elle se scarifie. C’est le début d’une « période très sombre »
Durant cette période, Pénélope se réfugie de plus en plus dans son téléphone, et particulièrement sur TikTok. « C’est après son décès, en accédant à son ordinateur, que nous avons découvert dans quel univers numérique mortifère elle était plongée », confie son père.
L’algorithme TikTok : un prédateur numérique ?
Le témoignage d’Arnaud Ducoin met en lumière le fonctionnement inquiétant de l’algorithme TikTok. « Ce n’est pas un réseau social comme les autres », insiste-t-il. « Son modèle économique repose sur la captation maximale de l’attention, notamment à travers des contenus négatifs qui, malheureusement, retiennent davantage l’utilisateur. »
Plus préoccupant encore, il existe un « lexique caché » permettant de contourner la modération : « Le drapeau suisse représente le suicide, l’émoticône zèbre les scarifications… Les jeunes connaissent tous ces codes », révèle-t-il. Pour démontrer la dangerosité du système, il a lui-même créé un compte : « En tapant simplement certains mots-clés, j’ai eu accès en quelques secondes à des vidéos extrêmement problématiques, dont certaines expliquant même comment mettre fin à ses jours. »
Un appel à l’action et à la responsabilisation
Après avoir témoigné devant la commission parlementaire, Arnaud Ducoin plaide pour des mesures concrètes :
– L’interdiction de TikTok avant 15 ans
– L’instauration d’un couvre-feu numérique de 22h à 8h
– La mise en place d’une véritable modération des contenus dangereux
« En Chine, pays d’origine de TikTok, les jeunes n’ont accès qu’à des contenus positifs et leur temps d’utilisation est limité. Pourquoi acceptons-nous que nos enfants soient exposés à ces contenus toxiques ? » s’interroge-t-il.
Un message aux parents
« Même en tant que parents vigilants, avec des règles strictes sur les écrans, nous nous sommes retrouvés démunis », avoue Arnaud Ducoin. Il compare TikTok à un parc où rôderait un prédateur : « Vous n’y laisseriez jamais votre enfant sans surveillance. Alors pourquoi le faire sur ce réseau social où il n’y a ni gendarme, ni loi ? »
La récente négociation entre TikTok et les États-Unis, aboutissant à la cession d’une copie de l’algorithme, pourrait marquer un tournant. Mais pour Arnaud Ducoin, l’urgence est d’agir maintenant pour protéger les adolescents, particulièrement vulnérables face à ces mécanismes d’addiction numérique.