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« Les cours n’avaient plus aucune importance. » Voilà qui est dit. Marie-Alix, étudiante française en Erasmus à Rome depuis septembre, n’a pas hésité une seconde quand le conclave a commencé. Cette jeune femme, arrivée dans la Ville éternelle pour ses études, s’est retrouvée propulsée au cœur d’un événement historique qu’elle rêvait de vivre depuis son enfance.
Laissez-moi vous raconter comment une étudiante ordinaire est devenue le témoin privilégié de l’élection du premier pape américain de l’Histoire.
L’histoire commence à Florence, où Marie-Alix est partie en voyage avec des amis. Ils font la queue pour entrer dans une église – moment on ne peut plus banal pour des étudiants en Italie – quand un ami lâche la bombe : « Je veux pas plomber l’ambiance, mais le pape est mort. »
Première réaction ? L’incrédulité. « Arrête de raconter des bêtises ! » Mais les messages affluent de partout. La réalité s’impose : François n’est plus. Le choc est d’autant plus violent que Marie-Alix avait multiplié les audiences papales cette année. « On l’a beaucoup vu », confie-t-elle. La dernière fois ? Le 5 février, lors d’une audience. Et elle était même présente à sa dernière bénédiction Urbi et Orbi.
« Pour nous, il était vraiment là, c’était une vraie personne », explique-t-elle avec émotion. On sent dans ses mots toute la différence entre voir le pape à la télévision et le côtoyer régulièrement. Elle s’était même fait prendre en photo avec lui plusieurs fois. La proximité géographique avait créé une forme d’intimité spirituelle.
Si la mort de François a bouleversé Marie-Alix, c’est l’ouverture du conclave qui a véritablement transformé sa vie romaine. « À partir du conclave, j’ai tout mis de côté », avoue-t-elle sans détour. Une décision radicale que ses parents ont accueillie avec… disons, des sentiments mitigés. « À moitié, pas de problèmes, ça dépend des camps », glisse-t-elle avec un sourire qu’on devine malicieux.
Mais pourquoi un tel bouleversement ? « C’est un rêve d’enfant d’assister » à un conclave, révèle Marie-Alix. Elle s’était fait une promesse : « Dans la mesure du possible, au prochain conclave, je plaquais tout et je venais sur place. » Être déjà à Rome ? Une « grande chance, une grande grâce » qu’elle n’allait certainement pas laisser passer.
Dès le mercredi soir, Marie-Alix est sur le pont. Première fumée noire ? Elle y était. « Pour moi, c’était hyper important de voir dès la première fumée », insiste-t-elle. Deux heures et demie d’attente ce soir-là, mais qu’importe.
Le jeudi, c’est l’opération commando. Entre 9 et 10 heures du matin, elle débarque place Saint-Pierre avec sa bande – « le groupe de Saint-Louis des Français » – et s’installe pour la journée. Campement de fortune, mais position stratégique : « à la barrière, dans le premier carré, avec notre drapeau breton ».
Vous visualisez la scène ? Des jeunes qui « campent » littéralement toute la journée sous le soleil romain. Que fait-on pendant ces longues heures ? « On attend, on prie, on discute. » Les jeux de cartes sortent des sacs – Uno, échecs. Les chapelets s’égrènent. Des interviews s’improvisent avec les passants. « On en profite pour bronzer aussi », ajoute-t-elle avec cette fraîcheur qui caractérise sa génération.
Vers midi, coup de théâtre : les autorités demandent à tout le monde de quitter le carré. Personne ne sait vraiment pourquoi. Pendant trois heures, l’espace reste fermé. Mais Marie-Alix et ses amis ne se découragent pas. Stratégie de guerrier : « Au bout d’une heure, on est venu camper devant la porte pour être dans les premiers à rentrer. »
Mission accomplie : ils retrouvent exactement leur place, toujours à la barrière, drapeaux breton et français bien en vue. L’attente reprend.
Et puis, 18h08. La fumée n’est pas noire. Elle est blanche.
« Un étonnement, une énorme joie. » La place explose. « Ça a hurlé de partout, c’était assez impressionnant. » Pour Marie-Alix, c’est l’aboutissement d’un rêve : « Vu que c’était un rêve d’enfant de le voir en direct… Mon Dieu, c’est vraiment arrivé ! »
L’émotion est palpable dans son témoignage. Cette jeune femme qui a tout mis entre parenthèses pour vivre ce moment se retrouve submergée par l’intensité de l’instant.
Entre la fumée blanche et l’apparition du nouveau pape, plus d’une heure s’écoule. Long ? « C’était quand même long », avoue Marie-Alix. Mais l’attente est rythmée : la garde suisse fait son entrée, les musiciens s’installent. « Ça a fait passer le temps. »
Et puis, il y a ce détail savoureux : Marie-Alix et ses amis, au premier rang avec leur drapeau breton, sont « filmés de partout ». Les messages affluent du monde entier : « Est-ce que c’était vous ? » Des photos arrivent sur leurs téléphones. « Je crois que je t’ai vu ! » La jeune étudiante devient, l’espace d’un instant, une célébrité involontaire.
L’arrivée de la croix provoque chez Marie-Alix « un grand moment d’émotion ». Elle savait exactement ce qui allait se passer – elle a « vu cent fois » les vidéos de l’élection de Jean-Paul II, pour qui elle a « une grande dévotion ». L’Histoire se répète devant ses yeux.
Quand le cardinal proto-diacre annonce le nom, c’est la confusion : « On a eu du mal à comprendre le numéro du pape. On n’est pas bilingue latin ! » Moment de flottement dans la foule, « tout le monde était suspendu à ses lèvres ».
Et puis, IL apparaît. Léon XIV. Première impression de Marie-Alix ? « Je le trouve super jeune ! » Et cette observation qui fait sourire : « Il a une tête de pape, ça lui va parfaitement bien. Il est trop beau habillé avec le blanc ! »
L’émotion du nouveau pape ne lui échappe pas : « Il a encore des larmes pour pleurer », remarque-t-elle, citant un ami qui s’étonne qu’il ait encore des larmes après un tel bouleversement. « Il a vu sa vie complètement basculer. »
Marie-Alix ne compte pas s’arrêter là. « Si possible, la première audience, j’irai. » Son Erasmus se termine le 20 juillet – largement le temps de « voir un peu les débuts du nouveau pape ». Cerise sur le gâteau : « Il paraît qu’il parle français, donc c’est merveilleux pour l’aborder à la fin des audiences ! »
Quand on lui demande ce qu’elle attend de ce nouveau pape, sa réponse est d’une simplicité désarmante : « Un artisan d’unité, parce que l’Église en a besoin, le monde a besoin de paix. » Et cette confiance absolue : « L’Esprit Saint a fait son œuvre au moment du choix, donc il apportera forcément du bien à l’Église. »
Marie-Alix incarne cette génération de jeunes catholiques qui n’hésite pas à bouleverser ses priorités pour vivre sa foi. Une génération connectée mais capable de camper des heures durant pour un moment d’Histoire. Une génération qui sait conjuguer légèreté (« on en profite pour bronzer ») et profondeur spirituelle.
Son témoignage restera comme celui d’une jeune femme qui a osé vivre son rêve d’enfant. Et qui peut maintenant dire : « J’y étais. »
Écrit par: Simon Marty