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Christophe Chambon (FNSEA) : « Nous sommes là pour produire et avoir ce goût d’entreprendre »

today28 février 2025 38

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Le secrétaire adjoint de la FNSEA évoque les récentes mobilisations agricoles, les avancées obtenues et les défis qui demeurent pour assurer l’avenir du secteur.

Dans les allées bondées du Salon de l’Agriculture 2025, Christophe Chambon ne passe pas inaperçu. Producteur de lait AOP Comté et Morbier dans le département du Doubs, mais aussi secrétaire adjoint de la FNSEA, premier syndicat agricole français, il porte un regard lucide sur les défis et les évolutions du monde agricole.

Une mobilisation électorale qui reflète l’évolution de la société

Les récentes élections des chambres d’agriculture ont montré une légère baisse de participation, un phénomène que Christophe Jambon analyse avec recul : « Je pense qu’il reste important que le monde agricole continue de se mobiliser. On a vu une baisse de la mobilisation, mais si on prend le constat par rapport à toutes les dernières échéances électorales qu’on a pu vivre au niveau politique, le monde agricole continue de se mobiliser plus que la normale. »

Pour lui, cette évolution traduit avant tout l’intégration du monde agricole dans la société globale : « Aujourd’hui, l’agriculture est dans la société. Auparavant, on pouvait se dire que le monde agricole, le monde rural pouvait être déconnecté. Aujourd’hui, l’agriculture est à l’intérieur de la société et vit comme l’évolution sociétale. »

Un syndicalisme majoritaire face aux contestations

Malgré quelques pertes, la FNSEA reste largement majoritaire : « En tant que syndicalisme majoritaire historique avec les Jeunes Agriculteurs, nous restons un syndicat majoritaire avec 80% des chambres d’agriculture. Certes, nous observons un recul au profit de nos concurrents syndicaux, mais c’est-à-dire qu’on porte différents projets. »

Face à cette érosion, Christophe Jambon préconise une démarche d’écoute : « La question, c’est de se rapprocher de l’ensemble de nos agriculteurs pour se poser les vraies questions et comprendre pourquoi ce choix. »

De la colère aux avancées concrètes

Les mobilisations agricoles de l’an passé ont marqué les esprits. Pour Chambon, elles traduisaient un message essentiel : « Ce que Jeunes Agriculteurs et FNSEA ont voulu vraiment porter, c’est que dans nos campagnes, il est grand temps que nos acteurs politiques nous écoutent et nous entendent. »

L’enjeu est existentiel : « Si on veut continuer d’avoir des installations de jeunes agriculteurs, si on veut continuer de trouver l’ensemble de nos produits avec toutes les productions sur l’ensemble de nos territoires, il faut qu’on ait des vraies politiques tournées sur l’agriculture. »

Ces mobilisations ont porté leurs fruits, même si Christophe Chambon estime que la réaction politique a été tardive : « Le point positif, mais à mon sens qui arrive trop tard, c’est le vote de la loi d’Orientation agricole, la loi sur l’aspect finances sociales, qui va pouvoir accompagner les employeurs, notamment sur la mesure du TODE, qui va enfin pouvoir reconnaître aussi nos retraités agricoles qui vivaient sous le seuil de pauvreté, en reconnaissant les 25 meilleures années. »

La rémunération au cœur des préoccupations

Pour Christophe Chambon, l’enjeu central reste la rémunération des agriculteurs : « Notre combat quand on se rapproche de nos élus politiques, c’est de dire si on vous demande de pouvoir évoluer sur différentes lois, notamment sur la loi EGalim, c’est justement de pouvoir avoir une répartition sur les marges d’un produit et qu’aujourd’hui, l’agriculteur puisse vivre dignement de son métier. »

Il insiste sur la fierté des producteurs français : « Le message fort à faire porter, c’est qu’aujourd’hui au niveau national, nous devons être fiers de dire qu’on doit avoir une agriculture qui produit. Nous sommes là pour produire et avoir ce goût d’entreprendre parce que nous sommes des chefs d’entreprise. »

Le défi du Mercosur et de la souveraineté alimentaire

Face aux menaces comme les accords du Mercosur, Christophe Chambon adopte une position ferme : « Ce que nous dénonçons sur les accords du Mercosur, c’est que nous le disons ouvertement : n’importons pas l’alimentation que nous ne voulons pas. »

Il en appelle à la fierté nationale : « Le message à faire passer aux concitoyens, c’est tout simplement d’avoir la fierté de notre gastronomie française. Et pour garder cette gastronomie, c’est grâce à la production locale, la production française. »

Les importations posent selon lui un problème éthique et sanitaire : « On dénonce les importations qui ne sont pas faites avec le même standard, avec des matières chimiques qui sont interdites en France et qui sont autorisées dans les pays du Mercosur. Voir ces produits arriver, c’est intolérable. »

Malgré les difficultés, Christophe Chambon reste confiant dans le soutien de la population : « Lors des mobilisations d’il y a un an, on avait plus de 70% de la population qui soutenait le mouvement agricole parce que la notion d’alimentation et de souveraineté alimentaire est indispensable aux yeux de la population. »

À travers son témoignage, Christophe Chambon dresse le portrait d’une agriculture française en quête de reconnaissance, confrontée à des défis majeurs mais portée par la passion de ceux qui la font vivre au quotidien.

Écrit par: Simon Marty

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