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« Adventus », du latin signifiant « venue » ou « avènement », désigne initialement une période spirituelle intense instaurée au IVe siècle. Comme l’explique Marie-Anne Vannier, docteur en philosophie et spécialiste des mystiques rhénans, « cette période désigne la venue, l’avènement du Seigneur qui répond à l’attente biblique du Messie ». Une subtilité linguistique révèle la double dimension de cette attente : « L’adverbe ‘ad’ indique que nous allons vers quelqu’un, mais ce quelqu’un est déjà ‘ventus’, déjà venu », souligne-t-elle.
Cette période de préparation à Noël s’est progressivement enrichie de traditions diverses, dont certaines remontent à l’Antiquité. Les échanges de cadeaux, par exemple, existaient déjà dans les fêtes des Eries à Athènes et durant les Saturnales romaines. Ces célébrations marquaient la transition vers une nouvelle année, associant déjà le don à un moment de renouveau.
Au fil des siècles, l’Avent a connu de profondes transformations. Du XVe au XVIe siècle, l’émergence d’une nouvelle représentation de la Sainte Famille, plus humaine, a modifié le rapport à l’enfance dans ces célébrations. Cette période voit aussi apparaître des figures de donateurs sacrés, comme Saint Nicolas, qui deviendront centrales dans les traditions de l’Avent.
L’industrialisation au XIXe siècle marque un tournant décisif. Comme le souligne Patrice Duchemin, sociologue de la consommation, « la fusion des fêtes religieuses et commerciales ne date pas d’aujourd’hui ». Les grands magasins parisiens, diffusant leurs catalogues à travers l’Europe, ont contribué à standardiser une certaine vision bourgeoise des fêtes de fin d’année.
Aujourd’hui, de nouvelles initiatives réinventent l’esprit de l’Avent. Youval, fondateur de Will for Change, a créé le « calendrier de l’Avent inversé », où chaque jour devient une occasion de donner plutôt que de recevoir. « On essaie de redonner un sens plus humain à cette période », explique-t-il. Cette démarche trouve un écho particulier auprès des jeunes générations, très investies dans ces actions solidaires.
Dans la même veine, l’association Poulettes l’Assaut, représentée par Laly, organise une collecte de « sacs de l’Avent » destinés aux femmes en situation de précarité. Ces sacs, remplis d’objets utiles et réconfortants, rappellent que la période de l’Avent reste profondément ancrée dans des valeurs de partage et de solidarité.
Le développement commercial autour de l’Avent soulève des questions sur la préservation de son essence spirituelle. Les calendriers de l’Avent commerciaux apparaissent désormais dès novembre, répondant à des logiques marketing bien identifiées. « Le mois de novembre est traditionnellement creux pour la consommation », explique Patrice Duchemin, « le commerce ayant horreur du vide, il s’installe là où il y a de la place ».
Pourtant, Marie-Anne Vannier observe que la dimension spirituelle perdure : « Il y a toujours l’attente d’un sauveur dans notre monde ravagé par les guerres. Cette attente est confuse, prend différentes formes, mais reste fondamentale ». Elle note également un regain d’intérêt pour la spiritualité, avec « beaucoup de recommençants, beaucoup de personnes qui cheminent vers le baptême ».
L’Avent du XXIe siècle apparaît ainsi comme un temps où traditions séculaires et nouvelles expressions de la générosité se rencontrent et se nourrissent mutuellement. Si les formes évoluent, l’essence demeure : une période d’attente et de préparation qui invite à la réflexion et au partage.
Pour Marie-Anne Vannier, le conseil essentiel pour bien vivre ce temps reste simple mais profond : « C’est ce retour, cette attente du sauveur et l’exprimer par l’amour entre les personnes et par l’attention aux autres ». Une invitation qui résonne particulièrement dans notre société contemporaine, où le besoin de sens et de liens authentiques se fait plus que jamais sentir.
Écrit par: Simon Marty
Un point de vu sur le monde qui nous entoure, les faits de société... Le monde bouge tellement vite qu'il est important de pouvoir porter un regard qui nécessite de prendre du recul. La fenêtre est l'ouverture au monde. Elle peut être ouverte, fermée, masquée par des volets ou des rideaux... Mais celle d'Etienne, est grande ouverte.
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