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Depuis un an, le père Hubert Vallet jongle entre quatre communautés. Portrait d’un homme d’Église qui réinvente l’art de rassembler.
Gérer une paroisse représente déjà un défi de taille dans notre époque. Mais coordonner quatre clochers dispersés sur plusieurs communes relève d’un tout autre exercice. C’est exactement la mission que s’est vue confier le père Hubert Vallet il y a un an, lorsqu’il a pris les rênes de Saint-François-des-Coteaux.
Vertou, Saint-Fiacre-sur-Maine, La Haie-Foassière, Château-Thébault. Quatre noms, quatre identités, quatre communautés qui forment désormais une seule et même paroisse. « Au début, cela m’a fait un peu tourner la tête », confie le père Vallet avec cette sincérité rafraîchissante qui le caractérise. « Comment créer du lien quand les gens ne se connaissent pas forcément ? »
La question mérite d’être posée. Dans notre époque où tout s’accélère, où les distances semblent parfois insurmontables malgré nos moyens de transport, comment un prêtre peut-il créer une véritable cohésion entre des communautés qui ont chacune leur histoire, leurs habitudes, leurs particularités ?
Le secret du père Vallet réside dans la présence. Pas celle, théorique, d’un curé qui papillonne d’une messe à l’autre. Non, une vraie présence, celle qui consiste à connaître les prénoms, à se souvenir des anniversaires, à partager un café après la messe dominicale.
« Je passe au moins une matinée par semaine dans chaque secteur », explique-t-il. « Pas seulement pour les offices. Pour discuter avec les équipes, voir ce qui se passe vraiment. » Cette approche, apparemment simple, révèle en réalité une stratégie pastorale fine. Car le père Vallet a compris quelque chose d’essentiel : on ne fédère pas par décret.
Prenons l’exemple de Château-Thébault, petite commune de moins de 3000 habitants. Ici, la vie paroissiale s’organise autour de quelques figures emblématiques, des familles qui se transmettent l’engagement de génération en génération. « Il faut d’abord écouter, comprendre le rythme local », raconte le prêtre. « Chaque clocher a sa personnalité. »
Mais comment passer de l’écoute à l’action ? Comment transformer quatre communautés distinctes en une seule famille paroissiale ? Le père Vallet mise sur les projets transversaux. L’idée révèle sa pertinence dans sa simplicité : créer des occasions de se rencontrer autour d’objectifs communs.
Le congrès mission illustre parfaitement cette démarche. Plutôt que d’organiser quatre événements séparés, la paroisse a choisi de mutualiser ses forces. « Nous nous sommes dit : pourquoi ne pas faire quelque chose d’ambitieux ensemble ? » Le résultat ? Des équipes mixtes, des Vertaviens qui découvrent La Haie-Foassière, des habitants de Saint-Fiacre qui nouent des amitiés à Château-Thébault.
Cette stratégie du « faire ensemble » s’étend à tous les domaines. Les préparations au mariage rassemblent des couples des quatre secteurs. Le carême propose des parcours conçus pour favoriser les échanges inter-communautés. « L’objectif, c’est qu’un paroissien de Vertou se sente chez lui à Saint-Fiacre », résume le père Vallet.
Coordonner quatre agendas s’avère parfois complexe. « Il y a des semaines où l’on ne sait plus où donner de la tête », avoue le curé. Entre les conseils pastoraux qui se chevauchent, les fêtes patronales qui tombent le même week-end et les urgences qui surgissent toujours au mauvais moment, l’agenda ressemble parfois à un puzzle impossible.
Et puis il y a cette question délicate : comment préserver l’identité de chaque communauté tout en créant une unité ? « C’est un équilibre délicat », reconnaît le père Vallet. « Trop d’uniformité, et on perd la richesse de la diversité. Pas assez de cohérence, et on reste quatre paroisses qui se côtoient sans se connaître. »
La solution ? Une approche sur mesure, adaptée à chaque réalité locale. À Vertou, ville en pleine expansion, l’accent porte sur l’accueil des nouveaux arrivants. À Saint-Fiacre, plus rural, la priorité va aux traditions et à la proximité. La Haie-Foassière développe sa dimension familiale, tandis que Château-Thébault cultive son côté authentique et chaleureux.
Le père Vallet n’est pas du genre à révolutionner pour révolutionner. Mais il n’hésite pas à bousculer certaines habitudes quand c’est nécessaire. « La foi, c’est vivant », aime-t-il dire. « Si on se contente de reproduire ce qui se faisait il y a vingt ans, on risque de passer à côté de l’essentiel. »
Concrètement, cela se traduit par des messes en réseau, où les quatre communautés se retrouvent tour à tour. Des formations communes qui mélangent les générations et les sensibilités. Des projets caritatifs qui mobilisent au-delà des frontières paroissiales.
L’exemple de la prière des pères illustre parfaitement cette approche. Plutôt que de maintenir quatre groupes séparés, la paroisse a créé un réseau de prière qui fonctionne en rotation. « Un mois à Vertou, un mois à Saint-Fiacre », explique le père Vallet. « Les gens découvrent d’autres façons de prier, d’autres traditions. C’est enrichissant pour tout le monde. »
Un an après son arrivée, le bilan s’avère encourageant. « On voit des visages nouveaux dans chaque secteur », se réjouit le curé. « Des gens qui n’osaient pas traverser la Loire découvrent nos communautés de l’autre côté. C’est beau à voir. »
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : augmentation de la fréquentation des événements inter-paroissiaux, multiplication des initiatives communes, émergence de nouvelles vocations bénévoles. « On sent qu’il se passe quelque chose », confirme Marie-Claire, responsable de l’équipe d’animation de Vertou. « Les gens adhèrent au projet. »
Mais au-delà des statistiques, c’est l’ambiance qui change. « Il y a une énergie nouvelle », observe le père Vallet. « Les équipes se parlent, s’entraident, partagent leurs expériences. C’est exactement ce qu’on espérait. »
Alors, que retenir de cette expérience ? D’abord, que la fédération ne se décrète pas. Elle se construit patiemment, projet après projet, rencontre après rencontre. « Il faut du temps », insiste le père Vallet. « Et surtout, il faut respecter le rythme de chacun. »
Ensuite, que l’innovation n’exclut pas la tradition. « Notre richesse, c’est justement cette diversité », souligne le curé. « L’art, c’est de la faire chanter ensemble sans gommer les particularités. »
Enfin, que l’avenir de l’Église locale passe peut-être par ces nouvelles formes de communion. « Dans dix ans, les paroisses multi-sites seront la norme », prédit le père Vallet. « Autant apprendre dès maintenant à bien faire les choses. »
Le défi continue. Mais à Saint-François-des-Coteaux, on a déjà trouvé la mélodie. Reste à parfaire l’harmonie.
Écrit par: Simon Marty
today17 octobre 2025 90 2