Populisme : la démocratie face à ses démons

La montée des mouvements populistes à travers le monde questionne les fondements mêmes de nos démocraties. Entre l’émergence de Donald Trump, la progression de l’AfD en Allemagne ou encore les succès électoraux du Rassemblement National en France, ce phénomène redessine profondément notre paysage politique. Pour décrypter ces bouleversements, Radio Fidélité a réuni trois experts reconnus qui proposent une analyse éclairante des mécanismes à l’œuvre.

Au-delà des clichés : repenser le concept de populisme

« Il faut faire éclater le mot populisme et nous en débarrasser », affirme d’emblée Michel Wieviorka, sociologue au Centre d’analyse et d’intervention sociologique. Une position radicale mais argumentée : « Quand on me dit qu’Elon Musk ou Mark Zuckerberg sont proches du pouvoir, ce n’est pas le peuple contre les élites. C’est de nouvelles élites qui viennent se substituer aux anciennes. »

Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS, complète cette analyse en soulignant l’évolution des motivations : « Ce que recherchent ces électeurs, ce n’est pas un Lider Maximo ou un nouveau Mussolini. Ce qu’ils demandent essentiellement, c’est de l’efficacité. » Un constat appuyé par des chiffres édifiants : selon le dernier baromètre de la confiance politique, 48% des Français considèrent qu' »en démocratie rien n’avance » et qu’il faudrait « moins de démocratie mais plus d’efficacité ».

Les ressorts psychologiques du vote populiste

Antoine Marie, chercheur post-doctorant à l’ENS, apporte un éclairage complémentaire sur les mécanismes cognitifs à l’œuvre : « Un des plus grands prédicteurs du vote Trump était la perception d’une baisse de statut démographique de son groupe, en particulier la classe moyenne blanche, bien plus que la difficulté économique. »

Cette quête de reconnaissance sociale apparaît comme un facteur déterminant. « Si vous voulez éviter que le rejet des élites se poursuive, il faut faire en sorte que tout le monde se sente respecté et inclus », souligne le chercheur.

De nouvelles configurations politiques en émergence

« Nous sommes en train d’entrer dans un monde totalement nouveau où la politique va se présenter tout à fait autrement », analyse Michel Wieviorka. Un constat partagé par Luc Rouban qui observe « une recomposition du paysage politique des droites » avec notamment « l’apparition de nouveaux pouvoirs qui ne sont plus vraiment populistes ».

Cette transformation s’accompagne d’une évolution des attentes citoyennes. « On assiste non seulement à la défiance, mais à une mise à distance du politique », note Luc Rouban. Un phénomène qui s’explique notamment par « une forte concentration du pouvoir au sommet » et la recherche d’une « nouvelle élite ».

Vers des solutions concrètes

Pour répondre à ces défis, Antoine Marie préconise deux axes d’action : « Il faut diffuser une culture de la pensée critique auprès de nos collégiens et lycéens » tout en veillant à « l’exemplarité des élites et la réduction des inégalités économiques ».

Michel Wieviorka insiste quant à lui sur l’importance du mouvement social : « Les grands changements viennent du bas vers le haut. Ce sont des changements dans la société qui permettent ensuite les transformations institutionnelles. »

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*Pour approfondir ces réflexions passionnantes sur l’avenir de nos démocraties, retrouvez l’intégralité de l’émission en podcast sur radiofidelite.fr et toutes les plateformes d’écoute.*

**Informations pratiques :**
– Émission : Le rendez-vous Fidélité
– Durée : 60 minutes
– Disponible en replay et podcast
– À retrouver sur radiofidelite.fr